Le 14 juin 2020,
Charly est prêt, il a son nouveau genois l’entretien est terminé et la coque est nettoyée.
On décide d’aller à Mahdia à une trentaine de miles au sud. C’est un port de pêche mais on nous a dit qu’il était possible de s’y arrêter en voilier.
Donc départ mercredi matin à 9h, on a choisit un jour avec peu de vent c’est toujours préférable après un long repos ça permet de tester le bateau et l’équipage car il les premières fois il y a souvent des surprises.
On sort du port au moteur la mer est belle on hisse la grand voile mais on laisse le moteur, le vent est trop faible.
Je sors le lancer et je mets une ligne de traîne au cas où….
Le pilote automatique ne marche pas, on est obligés de barrer en permanence. Ça fait des années que je n’ai pas barré plusieurs heures de suite. Il va falloir réparer ça avant les grandes nav.

Notre escapade se passe sans problèmes et sans poisson, nous avons mangé una salade de pâtes qu’Annick avait préparée . Nous arrivons vers 14h30 au port de Mahdia, il n’y a pas de place pour les plaisanciers mais on a pu se mettre à couple du seul voilier amarré devant le poste de la police maritime.

On fait la connaissance de John, c’est un anglais de 76 ans un peu excentrique il vit exclusivement sur son bateau. Son bateau est en très mauvais état, il a dematé aux Baléares et est venu au moteur jusqu’en Tunisie. Puis il a fait venir un mât neuf ici, mais ça a pris 4 mois. Il a tout préparé pour monter le mât il y a 3 jours mais il était mal fixé avant de mettre les haubans et le mât est tombé, il a failli être écrasé dessous.
Résultat le mât est plié sérieusement. Je reste avec lui quelques heures pour bricoler et changer le mat de place parce la police lui a demandé de ne pas le laisser en travers du passage.


Le lendemain je commence par regarder si je peux réparer le pilot automatique

il y a bien le 12V qui arrive, je mesure à l’ohmmêtre le gyro, le fluxgate compas puis le capteur d’angle de barre mais tout est bon. J’ai bien peur que ce soit l’unité centrale qui soit en cause ça va être compliqué, on verra ça plus tard.
On visite la ville c’est très joli, nous sommes les seuls touristes puisque les les frontières sont encore fermées.


On décide de repartir le vendredi parce que les vents sont favorables et qu’ensuite ils ne le sont plus pendant plusieurs jours.
On dit au revoir à John et je lui propose de revenir l’aider dans quelques jours si il en a besoin. Avant de partir on va visiter le souk du vendredi matin qui est immense, on achète des fruits pour le retour, la veille on a fait une pizza pour le déjeuner.
On largue les amarres vers 9h00, on met les voiles il y a un petit vent qui nous pousse, ça ne va pas très vite mais nous ne sommes pas pressés, je remets ma ligne de traîne. Le pilote ne marche toujours pas alors on prend la barre à tour de rôle, il y a plein de fermes marines dans le coin et c’est un peu sportif parfois pour les éviter. Le vent forcit et on avance à bonne allure.
Il y a beaucoup de bateaux de pêche mais aucun n’a l’AIS, il faut veiller en permanence pour les éviter.
Le vent monte encore et vers midi on contourne l’ île de Kuriat par 15 à 20 nœuds de vent portant.
Tout à coup le moulinet se met à se debobiner. Le lancer plié fortement. Ça mord c’est du gros. Au début impossible de remonter la ligne c’est trop dur et on va à 6 nœuds il faut ralentir mais on est à la voile alors je demande à Annick qui est à la barre de se mettre plus vent arrière pour ralentir un peu. Comme le pilote automatique est en panne elle ne peut pas m’aider.
Je dois me débrouiller tout seul pour aller chercher le crochet à poissons perdu au fond d’un coffre. Je pêche rarement du poisson alors pas question de laisser tomber . J’arrive à remonter la ligne petit à petit et finalement la bête est dans le bateau.


C’est une sériole de 70 cm, belle prise.
On a de la chance on arrive bientôt le poisson va être tout frais.
On termine avec un vent soutenu on avance à 7 nœuds de moyenne, ça fonce.
A l’arrivée je montre mon trophée à tout le monde.
On coupe le poisson en plusieurs morceaux qu’on met au frigo puis on lave le bateau et l’équipage.
Le lendemain on en distribue à tout le ponton et on en garde pour nous pour 3 ou 4 repas.
L’après midi je décide de faire un pain au levain façon Julo, c’est très long à faire et il y a plusieurs étapes à respecter scrupuleusement.
J’aide Claudio notre voisin de ponton à ramener son voilier du chantier, il a fait faire l’anti fouling et remplacer le joins du saildrive.
Claudio est un italien sympa qui vit sur un bavaria 40 avec son petit chien.
Puis je retourne faire des rabats sur ma pâte à pain, quand tout à coup j’entends Louis, Louis…. c’est Claudio qui m’appelle affolé, son bateau fait eau de toutes parts, il a plein d’eau dans la cale, il est en train de couler. Oui mais j’ai mon pain qui m’attend moi, pour une fois que je fais une recette compliquée, j’hésite, c’est sur que des bateaux il en retrouvera d’autres.
Claudio gueule comme un veau, je me dis aussi que le dieu de la mer se souviendra peut-être un jour de mon sacrifice. Alors c’est décidé je laisse tomber la boulangerie pour le moment et je saute sur le bateau du voisin.
Il met en route la pompe de cale,ça sort à gros bouillon il faut d’urgence sortir le bateau de l’eau mais voilà on est samedi soir et le chantier vient de fermer et il n’y a plus personne jusqu’à lundi matin. Le pauvre Claudio a de quoi couler 10 fois, et mon pain ne va pas attendre.
Il prévient la capitainerie qui appelle le responsable du chantier.
On met le moteur en marche, je largue les amarres et les pendilles et nous voilà partis vers le travellift sur un voilier qui se prend pour un sous marin. La pompe de cale continue à pomper en permanence depuis 1/4 d’heure.
On arrive au chantier sous la grue. Un technicien regarde ce qui se passe la dessous maintenant qu’il y a moins d’eau. En remplaçant le joint d’embase le passe-coque de refroidissement du moteur a été cassé, ils finissent de casser complètement le tuyau et ils mettent une pinoche dans le trou, ça marche, la fuite est provisoirement réparée. Après de longues discussions entre tous les gens autour de nous il est décidé de laisser le voilier dans l’eau dans la darse du travel lift qui sortira le bateau lundi matin, la réparation définitive ne pouvant se faire que le bateau à sec.
Je retourne sur Charly, la procédure très précise pour élaborer ma pâte à pain est dans le sac. J’improvise tout de même quelque chose en faisant des raccourcis parce qu’il est tard on verra bien. Je laisse la pâte lever toute la nuit et je la mets au four à 6H ce matin. Finalement c’est moins pire que je ne pensais, on a sauvé le pain et le bateau.

Sal’s Loulou,
Vraiment sympa de suivre vos aventures bricolo-nautiques, et bravo pour la belle Sériole !
A un de ces jours,
AMitiés
François / Relex
Quelles aventures !
Bravo pour le pain et le poisson.
Amicalement.
Hubert
Merci beaucoup,
Je ne sais toujours pas si on pourra rentrer cet été, j’espère qu’on aura l’occasion de se voir.
Amicalement.
Louis